Portada de TRAIANVS

L'APPROVISIONNEMENT  EN EAU  DE  LA  CITÉ  DU  MANS

DES  GALLO-ROMAINS A L'AN 1857

L'AQUEDUC D'ISAAC N°1 ET LA CONDUITE D'ISAAC

Bernard BAUDOIN © 2001

TRAIANVS © 2005




ÉPOQUE GALLO-ROMAINE  PLUSIEURS AQUEDUCS ET UNE CONDUITE EN PLOMB

AQUEDUCS POUR LES THERMES PUBLICS

AQUEDUCS ET CONDUITE POUR LES FONTAINES PUBLIQUES

LA CONDUITE EN PLOMB D'ISAAC DEPUIS  L'EVEQUE ALDRIC  ( 833 )

1507 : LA FONTAINE D'ISAAC OU SAINT ALDRIC

1549 : LA CONDUITE EN TUYAU DE TERRE CUITE.

1723 : FONTAINE LEBRETON, CARRE DE LA SAULAIE ET  1ère GALERIE A LA FONTAINE SAINT ALDRIC

1725 : LA MAISON DES POMPES ET LE GRAND RESERVOIR

1760 : ETAT DE LA CONDUITE D'EAU D'ISAAC

1833 : 2ème GALERIE A LA FONTAINE SAINT ALDRIC

1836 : LA MAISON DES POMPES ET LE BATIMENT DU MANEGE

1841 : LES PROJETS POUR ELEVER L'EAU DE L'HUISNE

1848 : DECOUVERTE DE L'AQUEDUC D'ISAAC N°1


Nota: les textes entre "." sont recopiés tels que leurs auteurs les ont écrits. La majorité de ces textes viennent des archives municipales de la ville du Mans, sauf mention pour autres sources.


ÉPOQUE GALLO-ROMAINE.  PLUSIEURS AQUEDUCS ET UNE CONDUITE EN PLOMB

La cité du Mans à l'époque gallo-romaine avec ses différents établissements de bains et ses fontaines publiques était alimentée par plusieurs aqueducs en béton et une conduite en tuyau de plomb, avec des zones et des systèmes différents de captage de l'eau suivant l'altimétrie du bâtiment à desservir et suivant la qualité de l'eau à distribuer.

Ces aqueducs et cette conduite ont été construits pour un usage précis et bien déterminé, mais à des époques différentes. Une chronologie des aqueducs en béton est cependant difficile à déterminer à ce jour.

Par contre, il apparaît aujourd'hui que la conduite en plomb d'Isaac serait plus facile à dater.

Depuis maintenant deux siècles, tous les auteurs passés se sont positionnés pour une conduite soit romaine soit construite ou restaurée par l'évêque ALDRIC en 833. De plus, une confusion entre un aqueduc et cette conduite par un amalgame de ces deux canalisations en une seule, s'est maintenue jusqu'en 1992-1993. (B.BAUDOIN, 1991-1992).


AQUEDUCS POUR LES THERMES PUBLICS

Certains aqueducs approvisionnaient principalement des thermes. Ils étaient alimentés par des eaux de ruisseau à partir d'un barrage formant étang ou par des bassins en plein air près d'une ou plusieurs sources. Un même ruisseau pouvait alimenter plusieurs aqueducs situés à des niveaux différents.

C'est le cas pour l'aqueduc des Fontenelles qui pouvait desservir des thermes dans la partie haute de la cité, avec des captages des ruisseaux de Gironde, de saint Martin et des Fontenelles sur Sargé-lès-le Mans.

L'aqueduc des Fontenelles fut repéré dans le Vieux-Mans, dans la Grande Rue et la rue du Bouquet (GUILLEUX, BAUDOIN-1978); au groupe scolaire de la Psalette saint-Vincent dans le bas de la rue du tertre saint-Laurent (LEDRU-1911, BOUTON-1953); dans le parc de Banjan (BAUDOIN-1976), à la maison de l'enfance de Coulaines, rue de Moscou (DAUDIN-1992), au passage de la rocade Nord-Est à Sargé-lès-le Mans (CHEVET-1990), et dernièrement au lotissement des coteaux de la Gironde (PEAN-1997-1998).

Longueur connue de l'aqueduc des Fontenelles 4 460 m, altitude près de son origine 73.05, à sa destination 70.16, pente régulière de 0.65 m/km. Section mouillée h. 0.50 x l. 0.60, h. sous clef de voûte 0.80, épaisseur des piédroits 0.40 environ.

C'est également le cas pour l'aqueduc de l'Hopitau qui pouvait desservir des thermes dans la partie basse de la cité, avec des captages sur le ruisseau de Gironde à Coulaines. Mais cet aqueduc pouvait également avoir des captages plus éloignés, peut être le ruisseau de Monnet à Saint-Pavace, ou plus loin encore avec des ruisseaux sur Neuville, ainsi qu'auprès d'un lieu dit appelé les Fontenelles.

Cet aqueduc a été récemment découvert rue Denfert-Rochereau (CHEVET-1993) et rue de Ballon en 1964 et 1967 (Services Techniques de la Communauté Urbaine du Mans, photos + coupe relevée).

Longueur connue de l'aqueduc de l'Hopitau 1 230 m, altitudes estimées à la fontaine de l'Hopitau 49.20 et à la rue de Ballon 49.90, pente probable de 0.65 m/km. Section mouillée de h. 0.30 x l. 0.50, ép. des piédroits 0.35 m. Couverture inconnue.

L'aqueduc de Monnet fut repéré à Coulaines, au passage de la rocade Nord-Est au lieu-dit l'Ardoise (CHEVET-1990), et dans le lotissement de la Closerie (BAUDOIN-1990). La destination de cet aqueduc est inconnue à ce jour, seul son captage sur le ruisseau de Monnet est connu. Cependant, son altitude donne la possibilité de le raccorder sur l'aqueduc des Fontenelles, au lieu dit les Fontenelles à Sargé.

Longueur connue de l'aqueduc de Monnet 323 m, altitudes de deux points 74.86 et 74.72, pente de 0.44 m/km. Section mouillée de h. 0.25 x l. 0.35 à 0.45, ép. des piédroits 0.20 environ, couverture en dalles de pierre d'époque indéterminée.

L'aqueduc de la Motte alimentait les thermes de Claude Chappe et avait un captage vers le bas de la rue de la Rivière à l'ancien bordage de la Motte sur le ruisseau d'Isaac. Il a été repéré rue des Falotiers mais non relevé.

La section de ces aqueducs était proportionnée au débit qu'il devait fournir pour desservir en un temps très court les piscines et bassins des thermes. Des bassins de décantation existaient certainement à l'arrivée de l'aqueduc près des thermes.


AQUEDUCS POUR LES FONTAINES PUBLIQUES

Une eau potable et fraîche était plutôt recherchée pour l'alimentation des fontaines publiques de la cité et sa distribution aux fontaines se faisait par des tuyaux à partir d'un ou plusieurs châteaux d'eau situés au point le plus haut de la cité.

L'aqueduc d'Isaac N° 1. Il capte les eaux de la nappe phréatique en dessous de la fontaine saint Aldric, rue Tristan Bernard, et s'arrête aujourd'hui devant le Musée de Tessé, mais il pouvait, en suivant les courbes de niveau, desservir la cité à partir d'un château d'eau située vers le Service Départemental de l'Architecture (SDA) près de la cathédrale. Cet aqueduc parfaitement horizontal était constamment en eau, des tropleins existaient au départ et à l'arrivée de l'aqueduc.

Longueur connue de l'aqueduc d'Isaac n°1 de la fontaine saint Aldric à Tessé 1 425 m, altitude constante à 75.93 m. Section mouillée h. 0.48 x l. 0.30, h. sous clef de voûte 0.63, ép. des piédroits 0.35 environ. (BAUDOIN-1991-92)

Second aqueduc d'Isaac. Lors des journées du patrimoine à la Maison des Pompes, les 16 et 17 septembre 2000, les propriétaires du 47 rue des Chalets m'ont signalé la servitude de passage d'un aqueduc gallo-romain sur leur parcelle, à une altitude ne correspondant pas à l'aqueduc d'Isaac n°1.

André BOUTON, dans son fascicule sur les Aqueducs Antiques de la cité du Mans, de 1953, signale le passage d'un aqueduc découvert en 1930, lors de la construction de la maison n° 13 rue Rachel. Là encore l'altitude ne correspond pas à l'aqueduc d'Isaac n°1, mais ces deux passages sont dans le même fuseau de courbe de niveaux entre 86 et 88 m, ce qui mettrai le radier d'un nouvel aqueduc à la cote d'environ 85,00 m, alors que la cote du premier aqueduc d'Isaac est à 76,00 m.

Or, en suivant ces deux courbes de niveau, on s'aperçoit que cet aqueduc aurait son point de départ à la fontaine saint Aldric à 85,80 m, et son point d'aboutissement vers la ville se situerai vers le haut de la rue du Montbarbet, pour une longueur de 1 500 mètres.

Nous sommes donc en présence d'un aqueduc d'Isaac n° 2, avec ses sources à la fontaine saint Aldric. Il pouvait desservir le quartier urbanisé entre le lycée Montesquieu et l'abbaye saint Vincent, ainsi que la butte du Montbarbet (GUILLEUX, 1983, 1987, pour l'urbanisation du quartier ). 

Le premier aqueduc d'Issac ayant lui aussi ses sources à la même fontaine mais à un niveau inférieur d'environ 8,60 m. Ces deux aqueducs ayant leur captage dans la nappe phréatique, devaient alimenter des fontaines publiques


CONSTRUCTION DE L'ENCEINTE ROMAINE

Lors de la construction de l'enceinte romaine fin IIIe début IVe siècles, ces aqueducs subirent des modifications voire même leur abandon. Les ingénieurs romains ne pouvaient ceindre une cité sans la pourvoir en eau, alors que deux conduits desservaient déjà la crête de cette cité.

L'aqueduc des Fontenelles. L'aqueduc des Fontenelles ne devait plus alimenter un possible établissement thermal demandant des apports d'eau important, ce qui entraîna la réduction de sa section (h. 0.32 x l. 0.35) lors de son prolongement à l'intérieur de l'enceinte du fait du faible débit de ses sources aux Fontenelles. (CHEVET, 1993)

Les deux aqueducs d'Isaac. Le premier aqueduc d'Isaac dut être conservé pour alimenter la cité à l'intérieur de l'enceinte.

Le camp fortifié du Montbarbet dut être abandonné et transféré à l'intérieur de l'enceinte. L'alimentation en eau de ce quartier nord-est ne devait plus être nécessaire, l'aqueduc d'Isaac n° 2 fut abandonné.

La conduite en plomb d'Isaac. Pour ne pas perdre les eaux de la fontaine saint Aldric, les hydrauliciens romains construisirent une conduite en plomb pour alimenter la cité fortifiée

Cette conduite d'eau d'Isaac, construite vers les années 280,  s'appropria la fontaine saint Aldric au détriment de l'aqueduc d'Isaac n° 2. Cette fontaine forme un réservoir où se réunissent plusieurs drainages dans la nappe phréatique.

Au départ du réservoir, la conduite fut même posée à l'intérieur de l'aqueduc sur une certaine distance, permettant de remonter d'une profondeur de 3 m à une profondeur dans le sol de un mètre environ. (L. MAULNY, 1796)

Cette conduite formait deux siphons avant de pénétrer dans la cité et passait également sous la cour du SDA.

La sortie d'eau à travers l'enceinte romaine située sous la chapelle saint Joseph de la cathédrale pourrait être une évacuation des tropleins de l'aqueduc et de la conduite. (J.GUILLEUX, 2000)

Longueur de cette conduite de la fontaine saint Aldric à la fontaine saint Michel, première fontaine dans le vieux Mans, 1 730 m. Altitudes à son origine 85.80, bas du 1er siphon 73.40, point haut entre siphons 75.93, point bas du 2e siphon 70.22, point haut 2e siphon cour SDA 77.40, à la fontaine saint Michel 74.96.

Les similitudes de tracé de ces deux conduits: aqueduc d'Isaac n°1 et conduite d'Isaac, sont frappantes; même lieu de départ mais altitudes différentes, même passage et même altitude devant le musée de Tessé, et même aboutissement la cour du SDA. Ce sont ces similitudes de tracé qui sont à l'origine de leur confusion et de leur amalgame en un seul ouvrage.

On peut alors imaginer un double château d'eau superposé, celui du bas pour l'aqueduc, celui du dessus surélevé pour la conduite offrant ainsi de la pression dans des conduites pour alimenter des fontaines publiques comme on le retrouve à Pompeï.


EPOQUE MEDIEVALE

Certains aqueducs furent recherchés, restaurés et réutilisés mais sans laisser de témoignages écrits sur l'affectation de cette réutilisation. Ce n'est qu'à partir de constatations récentes que l'on peut évaluer une réutilisation de l'aqueduc.

Les aqueducs de Monnet et de l'Hopitau furent recherchés, leur voûte enlevée, et laissés apparents pendant plusieurs années car le dessus de leurs piédroits sont arrondis et usés par le gel. L'aqueduc de Monnet reçu de nouveau une couverture faite de pierres plates sommairement jointoyées.

A partir de 1800, les érudits locaux commencèrent à s'intéresser aux aqueducs. Le premier d'entre eux MAULNY décrit en détail le tracé de l'aqueduc des Fontenelles, le faisant bien partir du lieu dit des Fontenelles à Sargé mais le faisant arriver le long de la rue Denfert Rochereau près de la tour Madeleine.

Tous les auteurs à venir suivront ce tracé jusqu'à la découverte d'un aqueduc dans le Vieux Mans en 1978, qui sera attribué à celui des fontenelles de part son altitude (BAUDOIN-1978).

Des études et recherches furent pourtant effectuées en 1826 sur la possibilité de réutilisation de l'aqueduc des Fontenelles par la municipalité de l'époque pour alimenter le Mans en eau. Mais les chercheurs de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe avaient conclu à un trop faible débit des sources alimentant l'aqueduc.

La conduite en plomb d'Isaac, quant à elle, fut retrouvée en 833, et réutilisée jusqu'en 1852 ; l'aqueduc romain d'Isaac n°1 fut retrouvé en 1848 et remplaça la conduite pendant seulement une dizaine d'années. Ce sont les mille ans d'utilisation de cette conduite d'Isaac qui sont décrits maintenant.


LA CONDUITE D'ISAAC EN PLOMB  DEPUIS  L'EVEQUE ALDRIC  ( 833 )

Dans un manuscrit en parchemin du XIIème siècle, conservé à la médiathèque Louis ARAGON du Mans, appelé "Actus Pontificum Ceno­mannis" il est marqué ceci :

"Pontifex in primo pontificatus sui anno, aquam per aquaductum, in praedictam civitatem Cenomannicam" qui se traduit par: dans la première année de son pontificat, l'eau par un aqueduc est arrivée dans la cité des Cénomans.

Cet extrait en latin s'applique au pontificat de l'évêque ALDRIC, évêque du Mans de  833 à 856.  La suite de ce texte se continue ainsi : "que nul homme n'avait vu venir auparavant,  grâce à son travail et à son ingéniosité, tous ceux qui auparavant manquaient d'eau, ou ne pouvaient en obtenir qu'au prix d'un grand labeur, purent en  voir en suffisance. Personne autrefois, ne pouvait obtenir de l'eau dans la cité, si ce n'est en l'achetant au prix d'un denier pour un ou deux muids à ceux qui l'apportaient de la Sarthe".

De ce  texte, on apprend que l'eau arrive dans la cité des Cénomans. Par quel moyen ? d'où venait-elle ?

Pendant plus de 1 000 ans, de 833 à 1852, la cité du Mans sera desservie en eau de source grâce à cette conduite qui subira bien des vicissitudes.

En 1180, il est signalé des vignes situées prés de la fontaine d'Isaac (saint Aldric aujourd'hui) ; en 1187, l'évêque Guillaume de PASSAVANT possède pour son évêché une prise d'eau sur la conduite ; et en 1256, le chapitre du Mans possède des vignes prés de cette même fontaine (BOUTON-1953)


1507 : LA FONTAINE D'ISAAC OU SAINT ALDRIC

Le 25 octobre 1507,"Simon COUPPEE porte plainte devant Pierre de COURTARDI, juge ordinaire du Mans, contre les députés commissai­res par les dits habitants du Mans, François GILLIER et Louis MARTEAU pour avoir "fait faire plusieurs exploits, avaient bri­zés et rompus icelle fontaine, les hayes et cloizons du dit lieu d'Isaac, et induement exploité en icelui"

Les contrevenants ont répondu "qu'au regard du dit lieu d'Isaac et chose dessus dite, ils n'y prétendaient aucuns droits fust en propriété ou possession, que les dits exploits qu'ils y ont fait faire, ont  été  fait par permission et  tollérance  d'icelui COUPPEE (propriétaire de la fontaine) et jusqu'à son bon plaisir pour avoir de l'eau de la dite fontaine à faire venir en cette ville du Mans et ils se sont soumis les faire refaire à leur propre coût et dépens".

Les députés commissaires des dits habitants de la ville allaient-ils à la fontaine d'Isaac pour la nettoyer, ou parce que l'eau ne coulant plus que lentement en la  cité, essayèrent-ils de faire des travaux pour augmenter le débit de cette fontaine ?

Avec ce texte de 1507, l'origine de l'eau qui arrive au Mans nous est connue. Reste par quel moyen arrive-t-elle en la cité, et où ?

Dans le missel de Philippe de LUXEMBOURG, vers 1519, une minia­ture représente la procession pour la dédicace de la cathédrale du Mans. Au second plan et à droite on voit un bassin, avec une statue représentant un évêque. C'est le premier point d'eau dans la cité: la fontaine saint Michel.


1549 : LA CONDUITE EN TUYAU DE TERRE CUITE.

Dans un texte de 1755, anonyme, mais qui semble être le rapport d'un commissaire de la ville, on lit ceci : "cependant en 1549, ces fontaines étaient encore en leur vigueur, on ignore la rai­son pour laquelle on supprima les tuyaux de plomb, de toute cette conduite extérieure à la ville par la substituer en masse de mas­tic et tuyau de terre vernis en dedans, tels qu'ils subsistent encore aujourd'hui" (1755).

Le diamètre intérieur des tuyaux de terre cuite est de 9.3 cm, Ø ext. 13.8 cm, longueur d'un tuyau 90 cm, emboîtement sur 18 cm, longueur utile 72 cm, pour 1 730 m de conduite on a 2 400 tuyaux. La conduite est enrobée dans un béton de mortier de chaux rouge.

C'est donc une conduite en plomb qui amenée l'eau de la fontaine d'Isaac jusqu'au bassin de la fontaine saint Michel, prés de la cathédrale, et que l'évêque ALDRIC remit en activité dans le IXème siècle.

Cette conduite découverte par ALDRIC lors de la construction des fondations de l'agrandissement de l'église cathédrale, est une oeuvre romaine,  sa technique et son mode de construction avec double siphon le prouvent.

A la suite des changements des tuyaux de la conduite, la fontaine saint Michel va être également modifiée, un dessin de GAIGNIERES de 1695 représente cette fontaine différemment de ce qu'elle était en 1519. Elle possède une petite tourelle, avec un toit conique, au milieu d'un bassin. L'eau sort de deux côtés de cette tourelle.

Le 22 mai 1631, "sur la réquisition des sieurs du chapitre de l'église cathédrale du Mans leur a été ce jourd'huy accordé per­mission de tirer du canal de la fontaine de la ville passant par la dite église un filet d'eau à condition que les échevins et procureur seront  préalablement avertys pour se trouver à l'ouverture à faire au dit canal pour en tirer le dit filet d'eau à conduire et fluër dans la piscine ou lavouër de leur reves­tière" (sacristie).

Cette prise d'eau sur la conduite établie à la demande de Charles de BEAUMANOIR, évêque du Mans ne sera pas la seule en cette année 1631. Une prise d'eau sera accordée pour l'Oratoire, une pour l'évêché rue Robert Triger et une autre enfin pour la demeure privée de l'évêque au clos de Maupertuis (Tessé aujourd'hui), puisque la conduite passe sur son terrain.


1723 : FONTAINE LEBRETON, CARRE DE LA SAULAIE ET  1ère GALERIE A LA FONTAINE SAINT ALDRIC

En 1723, on eut recours à un ingénieur distingué de la capitale qui fit faire des travaux dans la prairie du bas-Isaac. Il rassembla les eaux d'une source, dans un bassin, appelé fontaine LEBRETON, et les dirigeât par un tuyau de plomb sur la conduite principale.

Malheureusement, pour faire entrer les eaux de cette nouvelle source dans la conduite principale, cet ingénieur fit construire un regard carré appelé  carré de la Saulaie, juste au-dessus de celle-ci, et la fit couper. De ce fait, le poids des eaux, d'une hauteur de  7 m environ, de ce carré à la fontaine Saint Aldric fut perdu.

En 1723, fut également construit une galerie à partir d'un puits où l'on venait de découvrir un petit canal  (22 cm au carré) fournissant des eaux abondantes,  jusqu'à la fontaine saint Aldric.


1725 : LA MAISON DES POMPES ET LE GRAND RESERVOIR

Malgré cela, en 1725, le manque d'eau se fit sentir de nouveau.

Force fut alors pour approvisionner la ville d'avoir recours à une autre source que l'on avait négligée jusque là, parce que trop basse par rapport au passage de la conduite principale.

On décida d'en élever les eaux au moyen d'une pompe aspirante et refoulante, et de les diriger vers un  grand réservoir, construit attenant le carré de la Saulaie.

En 1725, furent donc construit le bâtiment de la pompe (maison des pompes), avec le bassin de la source juste en dessous, la pompe et le grand réservoir. La pompe était manoeuvrée par deux hommes toute la journée.

Le réglage de la quantité d'eau à envoyer dans la cité se faisait dans ce carré de la Saulaie. L'eau du grand réservoir servait à compléter la rareté de l'eau des fontaines saint Aldric et Lebreton, surtout à la période estivale.

A partir de 1725, les textes concernant la conduite d'eau d'Isaac vont devenir de plus en plus nombreux, et de plus en plus détaillés dans les archives municipales du Mans.

En 1725, les Echevins "supplient humblement Monseigneur l'Intendant de la généralité de  Tours, de leur accorder des crédits pour l'amélioration du chemin (rue d'Isaac) qui permet, de la  cité à la fontaine saint Aldric, de réparer la conduite d'eau d'Isaac. "les suppliants ne cesseront de former des voeux au ciel pour la prospérité et la santé de votre grandeur".

Le 5 mars 1731, Mathurin POULLIOT, pompeur ordinaire aux fontai­nes d'Isaac reçu 225 livres pour 10 mois qu'il a employé à pomper sur les ordres de Monsieur BOUTTIER de GERMACÉ, Procureur de vil­le, de maître Julien GOURDIN, Receveur de "l'Hostel" de ville du Mans.

Le 6 mars 1751, les officiers de l'hôtel de ville demandent à Monsieur NEPVEU de ROUILLON, lieutenant criminel de cette ville du Mans, "et notre député dans la ville de Paris, pour le prier de prendre la peine de faire la recherche d'un plombier et fontainier habile et de l'engager à faire le voyage et à venir s'établir au Mans".

Jean LAIGNEL remplacera Guillaume BOULANGER à la fonction de plombier fontainier, au terme d'un contrat avec la  ville en l'année 1751.

En juin 1755, un texte mentionne les  "indications des soins ordinaires et continuels, des visues annuelles et des petites réparations indispensables pour l'entretien courant des fontaines".

Le 15 décembre 1759, "disposition préalable et subséquente à l'opération délibérée au bureau de la ville, pour découvrir la cause de l'engorgement qui occasionne le gonflement  des eaux de la conduite des fontaines vers leurs sources et qui les empêche de monter aux fontaines de la ville".


1760 : ETAT DE LA CONDUITE D'EAU D'ISAAC

Un texte de 1760 va nous en apprendre beaucoup plus sur cette conduite. Ce texte est un "état par détails et numéros des re­gards, décharges et ventouses de la conduite de la ville". Ce texte accompagne parfaitement un plan de 1742 établi par le sieur DECHERCHE expert prud'homme et géomètre, au Mans. (Archives Départementales de la Sarthe)

31 regards, puits, fontaines, sources, décharges, ventouses, prises d'eau sur la conduite, vont être énumérés et détaillés l'un après l'autre. Ce texte nous apprend les dates de restauration, de construction de certains regards, fontaines ou sources.

En  1, on trouve un regard construit en 1723, profond de 5 m, point de départ de la première source et de la galerie n°1. Existant.

En  2, se situe la fontaine appelée communément la fontaine saint Aldric, fontaine d'Isaac d'autrefois, restaurée en 1527 et en 1744. Existante et visitable, rue Tristan Bernard.

Entre 1 et 2, une galerie de 42,50 m de long, haute de 1,53 m et large de 1 m, construite en 1723. Existante et visitable.

En 3, un regard pour le captage de la 3ème source. Disparu.

En 4, un regard allongé où se réunissent les sources ci dessus. Disparu.

En 6, une chambre voûtée appelée fontaine LEBRETON où se trouve la 4éme source, dans le pré du bas-Isaac, construite en 1723. Existante et visitable, propriété de la Polyclinique.

En 11 et 12, le bâtiment de la pompe, avec le bassin de la 5éme source juste en dessous, construit en 1725. Existant et visitable, propriété de la Polyclinique.

L'eau de ce bassin, aspirée par la pompe, se déverse dans un grand réservoir, construit en 1725 également.

Contiguë à ce grand réservoir, un regard appelé carré de la Saulaie, construit en 1723, où se réunissent les sources ci dessus, et en 1725, l'eau du grand réservoir.

Le Grand réservoir et le carré de la Saulaie ont été démolis en mai 1989.

En 15, regard Margot. Disparu ?

En 16, regard de la Chaume. Disparu ?

En 17 et 18, 2 regards à l'ancien évêché (Tessé). Du 17, partait une petite conduite pour alimenter l'évêché de l'époque. Disparu ?

En 19, un regard avec une prise d'eau pour l'Oratoire. Existe encore.

En 20 et 21, 2 regards de chaque côté du fossé de ville. Disparus.

En 22 et 23, 2 regards dont un pour la prise d'eau de l'ancien évêché. Disparus.

En 25, un regard dans la cathédrale d'où part un tuyau pour la sacristie, accordée originairement en 1631.  Sous le pavé de la cathédrale ? Voir la fontaine dans la sacristie de la cathédrale datée de 1631.

En 27 et 28, la fontaine de la place  saint Michel. Regard existant sur la place.

En 29, la fontaine de la place Saint-Pierre. Disparu.

En 30, la fontaine de la Cigogne. Existante bien que reconstruite.

En 31, le bassin des Boucheries, alimenté par le troplein de la fontaine de la Cigogne.  La porte du bassin se voit toujours dans le mur des anciennes boucheries, rue de la Truie qui file.

Le 25 mars 1769, "les chanoines de l'église du Mans et députés du chapitre ont fait relever le pavage de leur revestière de plusieurs pieds, et delà le bassin de leur fontaine, ce qui les a contraint d'allonger le tuyau".  Ils avaient "avec déplaisir remarqué que cet exhaussement les prive de l'avantage que cette concession leur procurait attendu que l'eau ne pouvait plus monter assez haut pour descendre dans leur fontaine".

Le 30 janvier 1790, on trouve un projet de traitement  à faire avec le sieur CHAUVIN, nouveau fontainier, pour l'entretien des fontaines. "Article 5 : ne pourra le dit sieur CHAUVIN s'absenter de la ville plus de huit jours, sans congé du bureau, sous peine de perte d'une année de ses gages ou même de résiliment des présentes, dans le cas que par absence ou par sa faute, la ville vint à manquer d'eau".

"Au commencement de la Révolution, un des citoyens les plus dévoués, un des hommes les plus honorables de la ville du Mans, nommé CUREAU, Lieutenant du Maire, entreprit de grands projets pour l'amélioration des fontaines. Il avait commencé à les mettre à exécution et produit quelque bien dans cette partie du service public.  Malheureusement, il fut une des premières victimes de la terreur au Mans".

Le 27 janvier 1821, le Maire de la ville du Mans, Henri de CHATEAUFORT, arrête: "il  sera établi un poste de fontainier en chef chargé de la surveillance des sources, fontaines,  pompe, canaux,  regards, etc... et généralement tout ce qui est relatif au service des fontaines de cette ville". Pour faciliter et assurer l'exécution de son travail, le fontainier en chef aura un préposé sous ses ordres lequel occupera habituellement la maison de la pompe.

Le  sieur LAUNAY,  plombier-fontainier au Mans, est nommé fontainier en chef le 10  février 1821, avec des appointements de 360 francs par an. Le sieur COMPAIN, journalier au Mans, est nommé préposé au fontainier en chef à la même date.


1826 : EAU DE LA SARTHE

Le 18 juillet 1826, "l'administration municipale s'occupant de réunir tous les renseignements dont elle a besoin pour arrêter un projet qui aurait pour but de fournir de l'eau à toute  la ville, c'est avec concision que le Maire:  Monsieur de CHATEAUFORT, eut recours  aux lumières et au zèle de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, que présidait Monsieur ALLOU, pour réclamer d'elle ces renseignements: l'eau de la Sarthe est-elle bonne à boire ? Cette eau ne devient-elle pas malsaine lors des basses eaux et du rouissage du chanvre ?

Dans sa réponse, Monsieur ALLOU signale que "l'on connaît, depuis environ 25 ans, grâce aux recherches de feu M. MAULNY, membre de cette société, les restes assez bien conservés d'un aqueduc romain:  l'aqueduc des  Fontenelles, et d'un autre, l'aqueduc d'Isaac,  romain également, dont RENOUARD signale qu'on voyait encore les traces il y a quelques années, du côté de la vallée de Misère". (allée André BOUTON)

"La commission de la Société d'Agriculture déclare que sans rien préjuger, pour le moment, sur le choix qu'on pourrait faire d'une machine hydraulique ou d'une machine à  vapeur, pour amener l'eau aux fontaines du Mans, les eaux de la Sarthe ou de l'Huisne, que,  d'après l'opinion de la majorité de ses membres, elle est convaincue, qu'aucun autre moyen que les deux indiqués, ne pouvait être employé avec quelqu'espérance de succès".

Le Maire demanda l'analyse des eaux de la Sarthe et de l'Huisne à l'Académie Royale de Médecine le 1er septembre 1827.


1833 : 2ème GALERIE A LA FONTAINE SAINT ALDRIC

25 janvier 1833, rapport pour la commission des fontaines par l'architecte de la ville : A.L. DAVID :

"Le canal de la source qui débouche au regard n°1, n'ayant que 8 pouces carré (22 cm) est assez encombré, et la grande profondeur à laquelle il est situé, empêche de s'apercevoir de ces encombrements lorsqu'ils arrivent, et par conséquent d'y remédier.  L'architecte de la ville propose de construire dans toute la longueur du canal, soit 50 m, un souterrain semblable à celui qui va du regard n° 1 à la fontaine saint Aldric".

A la même date, le même architecte fit un rapport sur la nécessité d'établir un réservoir dans la ville afin de conserver l'eau qui se perd la nuit, et de le placer prés de la cathédrale.

Le  conseil municipal de la ville s'est réuni le 21 septembre 1835, Monsieur ETOC-DEMAZY  fait au nom de la commission des fontaines, un rapport ainsi conçu:

"Messieurs, le percement d'un puits artésien (sonde de diamètre 10 cm environ) à la profondeur de 200 m, sur la place des Jacobins, n'ayant point eu le résultat avantageux, l'administration a dû chercher ailleurs les moyens de se procurer l'eau nécessaire aux besoins ordinaires de la ville et pour les cas d'incendie".

"Un premier projet, qui date de plusieurs années, consistait à élever l'eau de la Sarthe à l'aide d'une machine hydraulique. Ce projet fut jugé trop coûteux par la commission des fontaines".

"Monsieur DAVID a pensé qu'avec beaucoup moins de frais, on pouvait parvenir au même but. D'après lui, les travaux à faire pour alimenter suffisamment les anciennes fontaines et pour en créer de nouvelles consistent :

1)  à établir un manège et de remplacer la pompe par deux autres d'un plus gros diamètre et d'augmenter la course des pistons.

2)  dans la construction prés de la cathédrale d'un grand réservoir d'une contenance de 300 m3, dans lequel entre le trop plein des fontaines, et aussi on ferait arriver les eaux de pluies de ce grand édifice.

3) remplacement des tuyaux de terre par des tuyaux de plomb.

4)  construction d'un second réservoir, place saint Pierre prés de la Mairie".


1836 : LA MAISON DES POMPES ET LE BATIMENT DU MANEGE

Le manège et les deux corps de pompe furent installés par le sieur GOURDIN,  mécanicien à Mayet, et réceptionnés en septembre 1836, pour un coût de 2 165,24 F. Le bâtiment du manège s'éleva à 1 389,94 F.

Grâce à un échange de caves entre la Mairie et des propriétaires contigus, un réservoir fut construit dans une cave prés de la Mairie.  Le réservoir prés de la cathédrale ne fut jamais construit.

Le 29 juin 1840, M. BEAUGE remplace M. METIVIER au poste de fontainier en chef de la ville.

Les différentes administrations qui se succéderont, présenteront des projets plus ou moins coûteux, plus ou moins praticables, qui tous aboutissent à un  résultat à peu prés  négatif. On  va des rivières aux sources, des sources aux rivières et la question ne fait pas un pas.

A partir de 1841, on en revient résolument aux rivières, et après avoir balancé entre la Sarthe et l'Huisne, les ingénieurs se détermineront pour celles de l'Huisne.


1841 : LES PROJETS POUR ELEVER L'EAU DE L'HUISNE

En 1841, Monsieur LHOMMÉDÉ, architecte de la  ville, donne la préférence à l'Huisne, dans un projet de fontaines qu'il présenta sous l'administration de Monsieur TROUVÉ CHAUVEL. Le point choisi pour établir la prise d'eau et la machine hydraulique était le gué de  Maulny,  avec un château d'eau établit  sur le point culminant  la  ville,  prés la  cour  du  Séminaire,  et d'une contenance de 2 000 m3. Coût du projet : 300 000 F.

L'année suivante, Monsieur TROTTÉ-DELAROCHE, ingénieur, directeur du port de Brest,  propose sensiblement  le même système pour élever l'eau de l'Huisne sur un point culminant de la ville. La machine hydraulique et la  prise  d'eau seraient  installées au moulin  de  l'Epau, et le réservoir construit sur le plateau de Gazonfier. Coût du projet : 368 000 F.

Cette solution sera réalisée .... en 1907.

Après des études comparatives sur les avantages des deux projets, la commission  des fontaines nommée à cet effet, maintient la résolution, de prendre l'eau au barrage du gué de Maulny,  et de placer le réservoir général sur le plateau de saint Vincent.

Le 22 mai 1843, Monsieur LHOMMEDÉ  présentera un projet complet basé sur les décisions de la commission des fontaines. Le conseil municipal approuva ce projet et autorisa  l'administration à contracter un emprunt de 350 000 F.

Mais dés cette époque, la situation financière de la ville ne permettait guère de s'aventurer dans une pareille dépense. Cependant le besoin d'eau se faisait de plus en plus sentir.

La situation de l'alimentation en eau potable de la ville se résumait en 1848 à très peu de  fontaines publiques ; 3 dans le Vieux Mans : sur les places saint Michel, saint Pierre et à la Cigogne, plus une sur la place de l'Eperon,  par le prolongement de la conduite jusqu'à  la poissonnerie, toutes sont alimentées par des sources déficientes en été et desservies par une conduite en tuyau de terre cuite et de plomb de plus en plus rapiécée.

Quelques puits publics desservaient les autres quartiers de la ville: puits de quatre-roues, puits saint Nicolas, puits de la Chaîne,  et quelques sources au pied de la colline du vieux Mans, côté de la rivière:  fontaine Abel, de l'Hopitau, du Vivier, etc.. arrosaient les quartiers du Vieux Mans du côté de la rivière.

Aujourd'hui, en 1999, seules coulent encore les fontaines Abel et de l'Hopitau, les autres se sont taries.


1848 : DECOUVERTE DE L'AQUEDUC D'ISAAC

L'ouverture en 1848 du boulevard de Négrier, pour joindre la Croix de Pierre à la rue de Flore, amena la découverte d'un aqueduc gallo-romain.

On fit des sondages de distance en distance et on suivit sa trace depuis la cour du nouvel évêché (Tessé actuellement) jusqu'aux Pompes.

Dans le même temps, on creusait dans la vallée d'Isaac, un puits d'essai qui donnait des eaux abondantes.

La commission des fontaines pensa qu'en faisant des fouilles et des tranchées dans cette vallée, en utilisant l'aqueduc, on pourrait donner à la ville une quantité d'eau assez considérable.

Monsieur RODIER, architecte de la ville présenta un devis comprenant la série de travaux à entreprendre suite aux décisions de la commission des fontaines:  recherche des sources dans la vallée d'Isaac, utilisation de l'aqueduc romain, restauration des fontaines de la vieille ville, créations de nouvelles fontaines dans la basse ville.

La commission approuva ce devis d'un montant de 25 000 F, le conseil municipal le vota mais les travaux ne se réalisèrent point faute d'emprunt.

Ce n'est qu'en janvier 1850, que l'administration municipale commença les travaux par une tranchée profonde, destinée à recouper les sources qu'on espérait trouver dans le bas-Isaac.

En 1850, 1851 et 1852, des travaux importants furent exécutés par voie d'économie, c'est-à-dire avec des ouvriers indigents payés à la tâche ou à  la  journée, pour la restauration ou la reconstruction de l'aqueduc dans quelques lacunes.

Ces travaux amenèrent la découverte du prolongement de l'aqueduc romain d'Isaac n°1, celui-ci fut soit restauré, soit même reconstruit lorsqu'il s'avéra trop étroit. L'aqueduc guida les travaux jusque sous la fontaine Saint Aldric.  Un puits fut creusé à l'intérieur même de la fontaine, pour faire chuter les eaux dans le nouvel aqueduc.

Une partie de la conduite d'eau d'Isaac, le premier siphon, entre la fontaine saint Aldric et Tessé fut abandonnée.

En 1852, un aqueduc projeté par l'administration, fut construit entre Tessé et le haut de la rue Montesquieu, pour prolonger l'aqueduc romain.

Du haut de la rue Montesquieu partait une conduite en fonte d'un diamètre de 162 mm (6 pouces), pour alimenter les premières bornes-fontaines dans le Vieux Mans, et jusqu'à la place de l'Eperon.

Le reste de la conduite d'eau d'Isaac, le 2ème siphon, entre Tessé et les fontaines fut abandonné.  Les fontaines elles-mêmes furent démolies.

Ces bornes fontaines du vieux Mans ne distribuèrent pas longtemps de l'eau claire et fraîche des sources de la vallée d'Isaac.

En effet, dès 1855, avec l'arrivée du chemin de fer dont la fourniture en eau était impérieuse, une canalisation refoulera de l'eau non filtrée de l'Huisne à partir de la machine à vapeur et des pompes de l'abattoir jusqu'à la gare du chemin de fer.

Cette conduite se prolongera ensuite jusqu'à la place de la République, et enfin jusqu'à un réservoir rue de Tessé, en face le Musée du même nom. De ce réservoir partait une conduite pour augmenter les eaux de l'aqueduc d'Isaac en 1857.  L'eau infecte de l'Huisne arrivait ainsi aux bornes fontaines du Vieux Mans.

Peu à peu, les concessions d'eau sur un réseau public de plus en plus vaste remplaceront les bornes fontaines, et l'aqueduc romain d'Isaac sera délaissé et oublié jusqu'à sa mise en valeur à son passage à la maison des Pompes en 1997.


BIBLIOGRAPHIE :

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- BOUTON, 1953 Les aqueducs antiques de la cité du Mans, 1953, par André BOUTON, bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe.

- GUILLEUX, 1983, 1987 : La Sarthe, des origines à nos jours, 1983 ; Le Mans, métamorphose d'une ville, 1987 ; par Joseph GUILLEUX.

- GUILLEUX, BAUDOIN, 1978. Rapport sur les travaux de mise en souterrain des différents réseaux dans le Vieux-Mans, par Association de la mise en valeur du Vieux-Mans, sous la direction de Joseph GUILLEUX ; l'aqueduc des Fontenelles, Bernard BAUDOIN, Le Mans, 1978.

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- CHEVET, 1990 et 1993; DAUDIN, 1992 et PEAN, 1997-1998. Rapports sur les sondages d'évaluation archéologique, Direction Régionale de l'Archéologie ; aqueducs des Fontenelles, de Monnet et de l'Hopitau ; par Pierre CHEVET, 1990 et 1993; Laurence DAUDIN, 1992 et Emmanuelle PEAN, 1997-1998.

- PRESSOIR, 1998. Mille ans de distribution d'eau au Mans, dans la Vie Mancelle et Sarthoise, N° 336 de janvier 1998, par Claude PRESSOIR.

- CRÉTOIS, 1999. Les Aqueducs au Mans, dans la Vie Mancelle et Sarthoise, N° 345, spécial 1999, par Roger CRÉTOIS.

- CHEVET, 1998. L'Alimentation en Eau de la Ville du Mans, par Pierre CHEVET, dans Maine Découverte, N°16, Mai 1998.

- Joseph GUILLEUX, 2000 : L'Enceinte Romaine du Mans, par Joseph GUILLEUX.

- Bernard BAUDOIN, Les aqueducs romains et la conduite en plomb d'Isaac, éclaircissement et découverte, in La Vie Mancelle et Sarthoise, n° 356, mai/juin 2001, p. 30.



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